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Loi et morale

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Le chroniqueur et dessinateur Charb, qui dirige "Charlie-Hebdo", ne pense pas comme moi que la gauche est le parti de la morale, apparemment.

Cette semaine dans son journal, il qualifie de "gag" le projet de moralisation de la vie politique de François Hollande. Techniquement, selon lui, elle serait impossible : il faudrait trop de flics ; ça tombe bien, la France est le pays au monde le mieux pourvu sur ce plan.

Si la gauche ne s'occupe plus de dire la morale, qui va s'en occuper ? "Charlie-Hebdo" ? Il s'en occupe déjà pour les électeurs du FN, les musulmans et les cathos réacs, mais ceux-ci ne représentent qu'une frange minoritaire, même en les cumulant pour faire un diable convaincant. Et faire la morale au MEDEF, cela revient à faire la morale aux députés et aux sénateurs, ce qui est techniquement impossible.

- Ou bien supprimer carrément la morale ? Il semble bien que Charb ait un idéal d'ordre moral ; à moins qu'il ne soit métaphysique, et dans ce cas je ne vois pas bien lequel ?

"La loi et la morale ne couchent pas forcément ensemble." ajoute cet éditorialiste, sans doute histoire de faire un bon mot. Pourtant, c'est bien le cas : la loi et la morale sont nécessairement indissociables, unies par des liens aussi étroits que ceux du mariage. Sans lois ni sanctions pour les faire respecter, pas de morale ; sans morale, la loi perdrait tout son caractère sacré. Par exemple les gosses pourraient uriner sur la statue de Marianne en la traitant de vieille salope ; ou ils pourraient superposer leurs graffitis sur les tableaux des musées ; on pourrait aussi librement soustraire ses enfants à l'Education nationale. Etc.

La loi pourrait se limiter à régler efficacement les problèmes d'ordre pratique. Certains juristes l'ont préconisé. Mais on voit qu'elle fait à la fois bien plus que ça, et bien moins. Bien plus, parce qu'elle déborde largement le cadre de l'efficacité, pour verser dans le domaine moral, voire mystique. Ainsi des "droits de l'homme", qui sont techniquement inappliqués et inapplicables -certainement beaucoup moins que la moralisation de la vie politique.

Et, d'autre part, la loi fait bien moins que régler les choses pratiques, parce qu'elle n'a pas de prise sur l'évolution économique, ce qui peut faire douter de son efficacité pratique, vu le rôle du commerce international aujourd'hui dans la vie de tous les jours, et le bordel engendré par celui-ci.

Par conséquent, non seulement la morale couche avec la loi tant qu'elle peut, mais il semble que le petit bâton désormais rikiki de la loi a disparu sous les replis de l'hénaurme morale à force de coucher avec elle. Les discours des hommes politiques sont désormais entièrement moraux, réduits à des promesses sans effets, c'est-à-dire à des slogans religieux. On peut y croire encore ou pas, c'est une question de foi.

Finalement, la manie de Charb de s'en prendre aux religions des autres traduit peut-être une confiance mal assurée dans la sienne ? Comme je le comprendrais... Que celui qui n'a jamais douté de dieu lui jette la première pierre.

Bardamor


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